« Jamait, avec un “t, comme “toujours” » ; Yves, chanteur populaire qui lit Nietzsche et même pire. Depuis bientôt vingt ans, il sillonne les routes avec sa voix chaleureuse d’écorché libre, sa guitare et sa casquette. Le 16 octobre 2015, il a sorti son sixième album studio, Je me souviens… un cru qui montre combien il en « veut encore ». Sa tournée passera le 2 avril par Paris, à La Cigale.
Il en a fait du chemin le Dijonnais, le « moutard de Dijon », comme dit son pote/collègue Gérard Morel. Depuis l’Adam de sagesse, premier groupe éphémère de ses vingt ans, son boulot de cuisinier, ses dérives avec l’alcool, ses vrais débuts en 1998 et l’album autoproduit au titre éloquent, De verre en vers - avec Et je bois et le poignant Dimanche (Caresse moi), il s’est grand ouvert l’esprit et a « égoïstement » chopé le goût du partage…
Yves Jamait à DP – Influences
(12/11/2015 - 3'07)
À l’été 2004, il emballe avec ses quatres musiciens la place Saint-Jean d’Acre des Francofolies de La Rochelle, en prélude à une grande soirée dédiée à Jean-Louis Foulquier. Deux mois plus tard, son producteur de disques fait faillite et le studio refuse de laisser sortir l’album qu’il vient d’enregistrer. Il envisage alors de tout arrêter lorsque Patrick Sébastien lui téléphone : « J’ai appris que t’étais dans la merde. Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? J’adore tes chansons. » L’année précédente, Foulquier avait donné à l’animateur télé une pile de disques et il avait craqué pour Jamait. En 2006, paraissait ainsi Le Coquelicot sur le label Faisage Music. Aujourd'hui, sur son nouvel album, Yves a dédié une chanson discrète à son ami Jean-Louis, : J’ai appris…
En 2008, Yves Jamait grave Je passais par hasard, album qui s’ouvre sur Des mains de femmes (« Normal. J’ai été élevé par des femmes ! ») et qui va être disque d’or comme le précédent, même s’il se vend un peu moins (60 000 exemplaires au lieu de 90 000). Mélodies efficaces à la clé, il y cultive naturellement la simplicité, sans céder le moindre pouce au simplisme, au populisme, en amoureux de toutes sortes de chansons, music-hall en tête.
Yves Jamait à DP – Ouverture
(12/11/2015 - 1'24)
S’il estime que la lecture l’a aidé à peaufiner son écriture, Yves Jamait concède un « complexe de l’autodidacte » qui l’incite à choisir deux bouquins classiques sur trois qu’il lit. Pas mal pour un type qui, en plus de son propre répertoire, a chanté Leprest, Guidoni, Tachan (Moustaki, peut-être bientôt ?) et a dû mémoriser jusqu’à 65 chansons en même temps. En 2011, l’opus Saison 4 est produit par Par Hasard Productions (société qu’il a créée avec Didier Grebot, son manager et directeur artistique) et il comporte un duo avec Zaz sur La Radio qui chante. Après Amor fati (« Je lisais beaucoup Nietzsche à ce moment-là. » dit-il à propos du choix de cette locution latine qui signifie « amour du destin, du devenir »), il poursuit désormais sa route avec Je me souviens…, clin d’œil à Georges Pérec, mais pas que…
Yves Jamait à DP – Accordéon
(12/11/2015 - 2'10)
Rien à jeter parmi les 13 titres de ce nouvel album aux arrangements diversifiés, qui s’ouvre sur Le Temps emporte tout, mais on notera un très symbolique J’en veux encore, l’émouvant Les Poings de mon frère et Le Bleu (celui des travailleurs), signé Gil Chovet / Romain Didier et emprunté à un spectacle auquel Yves a participé. Sachant que le Jamait se savoure d’abord en scène, en l’occurrence avec ses trois musiciens (Samuel Garcia, claviers, accordéon, bandonéon et direction musicale ; Jérôme Broyer, claviers ; Mario Cimenti, percussions saxophones) et – soyez attentif – dans les Bars à Jamait où il invite régulièrement des « collègues » de cœur et d’âme. CQTC.
Yves Jamait à DP – Bars à Jamait
(12/11/2015 - 2'25)
Bonus : Le Temps emporte tout
Autres vidéos et toutes infos sur la tournée à :
http://www.jamait.fr/#/jemesouviens/