Dix ans après son premier disque La Terre est blonde, Agnès Bihl propose une « édition limitée » de cinq titres en live, dont trois inédits (Banco Music). Dans le même temps en scène ou à la télévision, elle dévoile quelques chansons de son futur album… de bonnes nouvelles qu’elle interprètera demain mardi 13 décembre (et mardi 20) en compagnie de la pianiste-chanteuse Dorothée Daniel, au Zèbre de Belleville.
« Blond minois, grande gueule et coeur tendre sur timbre acidulé, Agnès Bihl a imposé en moins de deux ans un talent de plume et une jubilation scénique rares. Elle aborde aujourd'hui des salles plus importantes, à sa (dé)mesure... » écrivais-je en mars 2000 dans Chorus. Depuis La p’tite Bihl a grandi, progressé, élargi sa palette, mais rien cédé sur le fond. Bien au contraire. Fan de Brassens, Brel et Renaud, c’est en découvrant Allain Leprest au cabaret libertaire parisien La folie en tête qu’elle a décidé à vingt-trois ans de chanter. Comme Anne Sylvestre, pareillement ex futur prof de Lettres, qui dira bientôt d’elle : « Elle manie les mots comme des couteaux, elle envoie ses sourires comme des grenades ». Ça donne L’enceinte vierge, Viol au vent ou La Fleur du large dans le premier album, 13 ans, À ton mariage ou le poignant Merci maman merci papa, dans le deuxième.
Entre premières parties d’Aznavour au Palais des congrès, festivals divers et petites salles, Agnès Bihl a persisté et signé, la chanson éponyme d’ouverture du CD suivant de 2007 (année électorale), Demandez le programme, s’attaquant d’emblée à notre si libérale société : « On est en République / Ou au Salon du flic ? ». Une société où les femmes dégustent encore plus qu’à leur tour, ce qui dans le droit fil de son amie Sylvestre inspire d’abord Agnès, avec ce mélange permanent d’attentive tendresse (La petite sirène, Touche pas à mon corps) et d’humour irrésistible (La complainte de la mère parfaite). En 2009, le titre même du quatrième opus Rêve général(e) donne le ton, Mamie les cheveux mauves ou Je pleure tu pleures il pleut côté émotion, la farce épicée s’appelant Gueule de bois ou No flouze blues. Aujourd’hui, dans le même esprit, le cinq titres de l’édition limitée offre trois inédits (Bla bla bla, Le rendez-vous manqué, Son mec à moi), dans une période de transition dont Agnès nous parle, plus nature que jamais…
En scène, elle glisse encore quelques jolies surprises, à l’image de cette chanson d’amour dédiée à sa mère, qu’elle a chanté aussi bien dans le dénuement technique de l’intimité d’une bibliothèque parisienne (cf. vidéo ci-dessus) que sur le plateau télévisuel de Vivement Dimanche. CQTC