Trente ans après sa disparition, le 1er novembre 1981, moins de trois jours après son ami Brassens qu’elle accompagna en première partie de Bobino et en tournée, un CD de compilation sort enfin (Temey / SonyMusic) avec 23 titres, dont huit quasi-introuvables jusqu’alors. Et demain soir 6 décembre, à l’initiative de sa fille Véronique Estel, La Fête à Christines Sèvres réunira de nombreux artistes et amis sur la scène du Vingtième Théâtre à Paris.
D’abord comédienne, Christine Sèvres dit des poèmes dans les cabarets de la rive gauche et fait deux rencontres décisives en 1956 : Jean Ferrat, son futur mari avec lequel elle interprètera La Matinée (il lui écrira aussi une pure merveille intitulée Tu es venu) et Jean-Pierre Suc, auteur-compositeur-interprète, co-fondateur du cabaret Le Cheval d’Or, où elle va beaucoup chanter dans les années 60. Malgré Bobino avec Brassens (1964) et Serge Reggiani (1969), elle butte sur l’absence de disque et sort malheureusement son premier 30 cm le 10 mai 1968 ! Le second suit deux années plus tard, sans écho suffisant, et en 1972 elle renonce au « métier », se réfugiant dans sa maison d’Ardèche où désormais elle peint. En 1994, un superbe CD de compilation de 17 titres permettait de saisir son talent exceptionnel d’interprète au choix rigoureux. Écoutez avec quelle émotion sensible, sa fille Véronique la racontait et invitait à se procurer son disque, comme elle pourrait inviter à acheter celui d’aujourd’hui.
Véronique Estel avec DP (7/12/1994) - 3’01
Si deux titres du CD de 1994 n’ont pas été repris (Point de vue et La Fête aux copains), on en retrouve ici quatre du 30 cm de 1968 (Salut Che, Une fille brune, Et bye bye, Dans les grands magasins) et quatre de celui de 1970 (C’était l’bon temps, Berceuse pour ne pas endormir, La délaissée [Ne t’en va pas], Les mal mariées). Le texte de cette dernière chanson est d’ailleurs de Christine Sèvres elle-même… Elle en avait interprété de nombreuses autres, comme ce savoureux Quidam de Guy Béart...
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Il reste que comme le lui écrivit sa copine Brigitte Fontaine (dont on retrouve sur ce CD Les Dieux sont dingues, Comme Rimbaud et Le beau cancer), c’est en scène que Christine Sèvres existait vraiment :
Ton art si merveilleux
L’était bien plus toujours
En live et sous nos yeux
Que sur trente-trois tours
À n’en pas douter, c’est ce qu’exprimeront en direct au Vingtième Théâtre tous ses amis conviés par Véronique Estel : Francesca Solleville, Anne Sylvestre, Mireille Rivat, Natacha Ezdra, Henri Gougaud, Jean Vasca, David Jisse, Serge Utgé-Royo, Dominique Ottavi, accompagnés par Nathalie Fortin et Léo Nissim au piano, Dominique Dumont à la guitare et Christian Lété à la batterie (mardi 6 décembre, 20h, 7 rue des Plâtrières, 75020 Paris – Tarif unique : 20 €. - Tél. 01 43 66 01 13).