Belge du Gard garanti nature, symbole du festival Chansons de Parole de Barjac, Jofroi jongle depuis près de quarante ans entre refrains et couplets pour petits et grands. Plus humaniste que jamais, c’est vers ces derniers qu’il s’oriente aujourd’hui avec Cabiac sur terre, un clin d’œil poétique formidable au village qui l’a accueilli (en concert, le lundi 17 octobre à l’Européen, 75017 Paris – tél. 01 43 87 97 13).
En 2009 et 2010, Jofroi sortait deux albums réunissant ses « plus belles chansons pour les petits » après avoir conçu un superbe conte musical à l’intention des « 6 à 96 ans », Bienvenue sur la terre, dans le droit sillage optimiste du généticien Albert Jacquard qui préfère les « pourquoi pas ? » aux « à quoi bon ». Au tournant du siècle, après quinze années sans nouveautés adultes, Jofroi avait frappé fort avec En l’an deux mille l’humanité, titre à l’image de sa voix grave et chaleureuse, et il remettait le couvert en 2004 à travers douze nouvelles chansons dont l’éloquente Marcher sur un fil : « On est bien fragiles / J’me désespère point / Mais j’me fais d’la bile / Bonjour les humains ». Heureusement, pour l’équilibre nécessaire couraient ici et là l’humour, l’amour et La Poésie.
Jofroi – La Poésie
Avec Cabiac sur terre, présenté fin juillet au « énième » Chansons de Parole de Barjac (commune voisine du Gard) alors même qu’Anne Sylvestre succédait à Jean Ferrat comme marraine plébiscitée du festival, Jofroi trouve sa Montagne et offre un nouvel album plein, à l’écoute toujours des frémissements du monde, de ses rêves et de ses espoirs, de ses gâchis et de ses douleurs recommencés, comme le déplore ce Dire qu’on a marché sur la lune.
Dans ce disque, il est aussi question de bonheur simple comme La Pâte à gaufres (mais est-ce si simple ?), d’inlassables Variations sur le verbe donner, d’une Prière iconoclaste cousine du Je ne te salue pas d’Allain Leprest, de douloureuses Frontières, de reprises ou de collaborations labellisées Félix Leclerc, François Béranger et Jean-Pierre Chabrol. Bref, du pur Jofroi AOC, fort en bouche, raconteur de vie(s) - il en parle très bien ci- dessous -, grain de voix au diapason, avec une fois encore l’efficacité complice de la musicienne et arrangeuse Line Adam. CQTC.