Émotion. Par vagues légères et obsédantes, Lola Lafon et ses musiciens s’insinuent. Et débordent. La voix suggère en douceur une constante « déclaration d’indescendance », une poésie concise du réel, une flamme de révolte salvatrice en Sarkozye ordinaire, comme le fut dans la défunte URSS celle d’un Boulat Okoudjava ou d’un Vladimir Vissotski. Élevée entre Sofia, Bucarest et Paris, Lola Lafon parle plusieurs langues et vient de sortir – excusez du peu - son troisième roman et son deuxième album.
Après Une fièvre impossible à négocier (2003) et De ça je me console (2007), Lola Lafon (site ici) a publié en mars chez le même éditeur (Flammarion) Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s’annonce, dense récit à l’écriture elle aussi poétique, très personnelle (jusqu’à la ponctuation), articulé autour de la vie de trois femmes et où il est question de danse classique, de viol, de pouvoir s’enfuir, d’avoir toujours le choix de dire non et de « Qu’est-ce qu’on fait là ? Qu’est-ce que je fais là ? » dans un pays « grignoté de violences répressives après une Élection ». Les passerelles sont multiples entre le CD Une vie de voleuse (Le Chant du Monde - Titre inspiré par Lou Andreas-Salomé : « Si tu veux avoir une vie, vole-là ! ») et le roman dont l’histoire a « peut-être commencé dans l’album, confie Lola, au moment de l’écriture de la troisième chanson, Voyager légère ». Une petite merveille que voici, enregistrée lors de l’émission Ce soir ou jamais (2 mai 2011) sur FR3.
Si elle a d’abord pratiqué la danse classique, la jeune femme a composé des chansons dès 2001 et sorti un premier album en 2006 avec son groupe (Lola Lafon & Leva – Grandir à l’envers de rien), le terme de « folk balkanique » qualifiant dès lors dans la presse leurs concerts-lectures, naturellement agrémentés d’extraits des romans de Lola. Touché par l’univers de celle-ci, Dominique A lui a écrit L’Abandon pour son nouvel opus, titre parfaitement intégré dans la « folk-pop européenne » conçue avec ses trois musiciens principaux : le belge Olivier Lambert (guitare et samples), le serbe Ivica Bogdanic (accordéon) et le français Julien Rieu de Pey (basse). Rencontre E4Z (Entre 4 Z’yeux + 2) avec une « féministe » pour laquelle l’avenir se dessine surtout « aux prochaines minutes », mais qui croit « à ce qu’on partage », « à l’huile jetée sur le feu / Au temps gagné à le perdre à deux ».
À zyeuter encore, pour la bonne bouche, le clip de la chanson éponyme, Une vie de voleuse, qui témoigne du décalage créatif permanent revendiqué avec le réel - néanmoins omniprésent - de « nos odyssées déglinguées, nos désirs défroissés ». CQTC