Après une vingtaine d’articles en sept ans, voici du Leprest sur paroles. Une série de courts extraits sonores, captés dans des endroits divers et variés, lors des multiples entretiens que nous avons eus Allain et moi, tout au long de sa vie professionnelle. Premier épisode, le « poète », terme qu’on lui accole à tout-va aujourd’hui.
Par facilité merdiatique ordinaire, le mot « poète » est servi à toutes les sauces pour qualifier le moindre chanteur ou la moindre chanteuse soucieux d’écrire quelques vers un peu originaux. Si le « grand » public (qui n’est d’abord « grand » que par la taille) emboîte naturellement le pas, d’autres, réputés plus avisés, dérapent volontiers sur le concept valorisant. Dans ce premier extrait, Allain explique pourquoi il a troqué la poésie pour la chanson et ce qui les différencie à ses yeux.
La chanson digne d’intérêt, tous goûts et tous styles confondus, ne serait-elle pas « un art à part entière », pour qu’il soit nécessaire de lui apposer (imposer !) une décoration externe ? Supérieure ? De la raccrocher au jazz ou à la poésie, par condescendance plus ou moins volontaire* ? Leprest a peut-être évolué ensuite à ce sujet, mais dans cet échange de la même époque avec des jeunes des ACP (les Ateliers Chanson de Paris, initiés par Christian Dente**), il convoque Brassens et compagnie et refuse sans ambiguïté de porter le chapeau panthéonique national. CQTC.
* Bien sûr, je ne me mets pas en dehors du coup et j’y ai forcément cédé par commodité de jeunesse ou simple flemme conjoncturelle.
** ACP installés alors au Carrefour de la Différence, passage Courtois , Paris 11e , après la fermeture de La Tanière, qui elle était dans le 13e ("je vous parle d'un temps...").