Disparu le 29 avril 1991 à l’âge de quarante-trois ans, Patrick Deny a écrit quelque cent cinquante chansons, à la fois âpres et tendres, et de très nombreux poèmes dont la majeure partie est publiée aujourd’hui sous le titre Comme la truite sous la pierre (L'Harmattan , 186 pages 17 €).
Souvenir perso… En 1972, lorsque je suis « monté à Paris » pour chanter (si ça vous amuse, zyeutez ici), ce sont Patrick et sa femme Danièle qui m’ont accueilli et programmé à l’Atelier 13, petit lieu convivial qu’ils venaient d’ouvrir. Par un hasard qui ne pouvait pas nous déplaire, il se situait rue Charles-Fourier, sous le regard du fameux philosophe socialiste utopique ; comme Patrick le chantera un peu plus tard « C’était au bon vieux temps du beaujolais New Wave / L’automne était clément pour la Tribu ». Un temps dont j’ai particulièrement gardé en mémoire l’une de ses chansons, Le Parc Montsouris, dont voici un enregistrement public de 1974 (extrait du coffret Ombres & Lumières paru en 1992).
Patrick Deny – Le Parc Montsouris - 3’18
Après les cabarets de la rive gauche, Patrick Deny s’est produit un peu partout, mais sans le support médiatique qu’il méritait. En 1989, deux ans après la sortie d’un 30 cm (« En tout bien, tout honneur »), il a quitté Paris pour le Jura et écrit trois textes de chansons pour Isabelle Aubret (Eau, Quand la ville s’endort, Roumania) ; fin 90, il a fait paraître un premier recueil de poésies, Jurassiennes, au moment où sa carrière commençait à prendre une certaine dimension. La maladie en décidera hélas autrement quelques mois plus tard. Depuis, l’association Autour de Patrick Deny s’attache à entretenir sa mémoire, notamment à travers des spectacles annuels au Théâtre Mouffetard où différents artistes interprètent ses chansons et ses poèmes. La parution de ce nouveau recueil (préfacé par Guy Thomas, poète et complice de Jean Ferrat, Francesca Solleville et Isabelle Aubret) permet de saisir la force et la finesse expressives de Patrick. Ainsi écrivait-il dans Lumière :
Aujourd’hui c’est vrai, je l’avoue
J’évite les embouteillages
Et le gras reflet des touristes :
Je voyage en bouquinant
Et dans le poème éponyme, Comme la truite sous la pierre :
Je ne prétends pas à la littérature,
À l’emphase du système.
Je découvre la poésie
Comme on surprend la truite sous la pierre :
Qu’elle ne s’échappe pas de mes mots !
Alors, si vous avez envie à votre tour d’en découvrir davantage, n’hésitez pas…