C’est un hommage magnifique, un album-florilège où, d’emblée, il pleut des cordes sur la mer, sur l’homme de la Manche cousin du Grand Jacques. Treize merveilles à la douzaine d’Allain, sous la houlette symphonique de son pote Romain Didier et de l’Ensemble Orchestral des Hauts de Seine dirigé par Laurent Brack, dans une production très classe tout risque de Didier Pascalis (Tacet / L’Autre Distribution, le 5 décembre).
Déjà, l'EPK ( la bande-annonce vidéo) de Jean-Manuel Vignau bouleverse...
Ceux qui connaissent Allain Leprest ont de la chance, mais les autres en ont bien davantage encore de le découvrir ainsi en pleine musique, en pleine émotion, entre Il pleut sur la mer, Donne-moi de mes nouvelles, Nu, La Gitane, C’est peut-être, Martainville et Une valse pour rien, point d’orgue frangin-frangin où Romain Didier le rejoint, au bout d’une création qui n’a pas fini de le marquer.

Ce CD soigné, de l’enregistrement d’orchestre au référentiel Studio Davout jusqu’au livret comportant les textes, est un projet commun d’Allain Leprest et de Didier Pascalis son producteur. En juillet, le chanteur a enregistré sa voix sur sept titres et il devait revenir en studio courant septembre pour que le disque sorte juste avant Noël. Après son décès, c’est seulement vers la mi-octobre que la liaison a pu s’opérer avec l’orchestre symphonique et que six amis d’Allain l’ont remplacé au pied levé : Jehan (Le Temps de finir la bouteille), Kent (C’est peut-être), Daniel Lavoie (D’Osaka à Tokyo), Enzo Enzo (Arrose les fleurs), Sanseverino (SDF) et Christophe (Où vont les chevaux quand ils dorment). Ce dernier avait sympathisé avec Allain en 2009 lorsqu’ils avaient été tous deux distingués par l’Académie Charles Cros ; il aurait dû participer au second album Chez Leprest et il a donné son accord sans hésiter. En ouverture du livret, Didier Pascalis a écrit un joli petit mot à son « Poète », et je tiens à préciser que si Leprest occupe une place particulière dans ce blog depuis sa création, c’est – bien sûr – parce qu’il est à mes yeux l’un des plus grands artistes que la chanson française ait connus, mais aussi parce que je n’ai jamais rencontré en la matière un producteur de cette trempe (musicien de surcroît), même si je ne suis pas toujours d’accord avec lui…
En guise de bonus, voici quelques confidences maritimes de l’ami Allain, recueillies en juillet 2002, en vue du dossier paru à l’automne dans le n°41 du trimestriel Chorus. CQTC.
Photo Claudie Pantchenko