Trois décennies pile poil après Tango chevalin, Jean le Landais a toujours l’âme animalière. Après le singe, le caméléon, le coq à l’âne, les mouches (avec ou sans accent) et les pachydermes, il publie son septième album, L’oiseau des Premières Fois. Seize + une chanson(s) + une vidéo du spectacle, le tout dans « une pochette en tissus. Imprimée avec des encres naturelles… »

Rassurez-vous « chers trésors », un livret précise d’emblée « comment cela s’est déroulé », avant d’offrir les textes des chansons, illustrées de dessins en noir et blanc (Marianne Mouchès) et de quelques photos couleurs du live (Mathieu Gervaise) qui montrent le chanteur-guitariste en compagnie de son épatante complice, la violoniste Xi Liu. Tout est bon chez lui, y’a toujours rien à jeter, pourrait-on oser, à la manière du père Brassens qui reste une de ses boussoles natives ; il le cite d’ailleurs dans J’aimerais t’écrire une chanson, avant d’évoquer quelques autres inspirants : Higelin, Gainsbourg, Ferrat/Aragon, Dylan, Cohen… De Belle aventure à Nous irons (« Version Pomme » assortie en bonus d’une « Version Mandarine » avec des élèves de CM2 de l’école de Pontenx-Les-Forges), c’est la vie humaine qu’il nous donne à entendre, à la fois mélodique et terrible, à l’image migratoire de ces « dix, vingt, cent, mille, cent mille / Millions » de « Frères exilés » de Frêle exilé. Mais pour ne pas nous désespérer, l’historico-loustic de La Ballade du Néandertal (pépite de 1996) conjugue alors rythme et onomatopées improbables pour une « histoire édifiante » de Mariachi quantique.
Avec son accent léger et sa voix douce capable d’étonnantes envolées ponctuées de séquences parlées-chantées, Jean Mouchès alterne naturellement quotidien et fantastique, qu’il s’agisse de la famille (Soleil dans l’œil), de ses émois naissants de cœur à corps ou de guitare (L’Oiseau des premières fois, Le Tambour à cordes) ou d’ostracisme idéoligico-religieux (Petit chimiste). Comme d’hab, il ne manque ni d’humour expéditif (Les Rois Louis), ni de « grand débordement » perceptible dès le titre (La Fabuleuse Épopée de Guycham Chyrcham). Enregistré en 2018 au prestigieux Studio du Manoir de Léon « en plusieurs petites sessions glissées dans les interstices laissés par les grosses productions » (lui c’est Canicule Productions de Roger Goupil), ce nouvel album existe comme indiqué sur scène, mais dans un ordre des chansons sensiblement différent. Bref « chers trésors », la balle est entre vos mains. CQTC.