Au cœur et autour de la chanson francophone, encore si méprisée des gens de pouvoir et de médias, alors qu'elle est vivante comme jamais au quotidien et dans l'Histoire en marche...
L’ami Leprest, l’homme de Lestre, l’homme de plume, a pris son ultime envol dans le (v)sillage ardéchois de son grand prédécesseur Ferrat.
Anniversaire, place Ménilmontant, juin 2010
(photo : Claudie Pantchenko)
Comme lui, il laisse pantois pantoises tous ceux et toutes celles qu’il a tant émus, enthousiasmés, transportés, bercés, aidés à vivre et à rêver ; comme Jean, il laisse surtout ses chansons, ses mots, son verbe de rocaille tendre à nul autre pareil, son humanité, à laquelle il faut croire et croire toujours. Comme y avait cru instantanément Claude Nougaro dans cette même commune d’Antraigues.
« Ne chantez pas la mort, c'est un sujet morbide […] Les gens du show-business vous prédiront le bide » a rappelé Léo Ferré sur des paroles de Jean-Roger Caussimon. Allain, bien sûr, ne s’en est pas privé, et la « prédiction » s’est vérifiée, le showbiz et les médias ont ignoré le « ringard », le « trop discret » selon une formule hypocrite balancée à la hâte. Aujourd’hui qu’il s’agit de la sienne (de mort), ils rappliquent, racolage à la clé, Gala et cie en tête. Heureusement, quelques beaux articles existent, tels celui d’Isabelle Jouve le 17 août dans La Marseillaise , où elle écrit : « C’est juste d’une grande tristesse dont nous voulons témoigner. De la perte d’un ami. Les détails de sa mort, raison, circonstance, autopsie, enquête… nous les avons, nous les gardons. D’autres s’en régaleront. Nous voulons retenir de lui ce regard malicieux et tellement lucide, son goût de la plaisanterie, son engagement (militant communiste depuis la JC, aujourd’hui vétéran du parti) et surtout ce qu’il donnait, à tous et sans compter, dès qu’il montait sur scène, c’était là le meilleur de lui-même. » (À lire aussi Valérie Lehoux, de Télérama). Bref, écoutez Leprest, chantez Leprest, savourez Leprest malgré et avec Le Chagrin... cette merveille trop méconnue de l’album Donne-moi de mes nouvelles (2005) qui marqua la rencontre décisive avec le producteur de Tacet, Didier Pascalis.
Et si le cœur vous en dit, vous trouverez sur mon site, Même l’hiver, une chanson que m’avait inspiré Allain il y a une bonne douzaine d’années, enregistrée ensuite par Francesca Solleville sur son album Grand frère, petit frère de mars 2000. CQTC.
Bonus : quand Allain Leprest se souvient de ses premiers pas d'auteur et de la place particulière que prenait à ses yeux Jean Ferrat parmi les chanteurs.