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Au cœur et autour de la chanson francophone, encore si méprisée des gens de pouvoir et de médias, alors qu'elle est vivante comme jamais au quotidien et dans l'Histoire en marche...

Tadoussac sous le signe des sorcières

À cinq cents kilomètres au Nord-Est de Montréal, le festival de la chanson au pays des baleines et du Saint-Laurent a affiché plus que complet pour sa 29e saison, autour de deux têtes d’affiche annoncées, Zachary Richard et Anne Sylvestre, même si cette dernière n’a pu finalement y être présente…

 

Tadoussac-DP.jpg

 

Jeudi 14 juin, 18h. Comme le suggère la photo, il fait très beau à Tadoussac et il commence à y avoir un peu de monde auprès de la scène Hydro-Québec ou vont s’exprimer deux heures plus tard les « artistes en résidence » (huit jeunes auteurs-compositeur-interprètes, dont Lisidor de la région nantaise) qui suivent avec gourmandise l’atelier qu’anime Xavier Lacouture depuis 2003. Dans le même temps, dans l’église complètement aménagée, « habillée » même et baptisée Scène Desjardins (la principale du festival), Vincent Vallières va jouer en duo acoustique, Catherine Major lui succédant le lendemain en quatuor à cordes, Zachary Richard faisant un premier carton plein le samedi en compagnie d’un guitariste. Voix intacte, reprises, inédits et humour aux petits oignons : « Moi, je viens du sud-est de la Louisiane. La seule chose qui m’intéressait, c’était les alligators jusqu’à ce que je découvre les jeunes filles… »

 

Tadoussac-JoraneLeblanc.jpgJorane et Lisa Leblanc (photos Michel Pinault)

 

Ce même jour se produisaient deux chanteuses hors-norme, deux « coups de cœur » pour de nombreux festivaliers : en sous-sol de l’église, l’acadienne Lisa Leblanc au gros son plutôt rock (et à l’insaisissable accent pour « nous autres ») avec son titre fétiche Aujourd’hui ma vie c’est d’la marde ; dans une salle ouatée de l’historique Hôtel Tadoussac, l’exceptionnelle Jorane, violoncelle chevillée à l’âme et pureté vocale désormais au service de reprises de Diane Dufresne (J’ai douze ans), Leonard Cohen (Suzanne)… ou Anne Sylvestre, dont elle chante Les gens qui doutent et Une sorcière comme les autres qui a donné son titre à l’album. Son humour spontané entre les morceaux offre de subtiles respirations et gageons que ce deuxième passage au festival ne sera pas le dernier.

 

Jorane à DP - 3’37
 

 

Malgré l’absence d’Anne Sylvestre, empêchée de prendre provisoirement l’avion (qu’on se rassure, elle va bien), quinze artistes ont décidé de remplacer le « Spectacle événement » initialement prévu par une (ré)création collective sous l’impulsion d’un duo franco-québécois de sorcières, Nathalie Miravette la pianiste d’Anne, et Paule-Andrée Cassidy, qui depuis longtemps l’interprète. Outre son talent bien connu d’accompagnatrice, la première chantait ainsi Un mur pour pleurer, Lettre ouverte à Élise Les blondes et Petit bonhomme avec Paule-Andrée Cassidy, qui en portait seule plusieurs autres (Ça n’se voit pas du tout, Carcasse, Non tu n’as pas de nom…), accueillait sa fille Lou-Adriane pour La femme du vent  et offrait un duo beau à pleurer avec Jorane sur Une sorcière comme les autres.

   

Paule-Andrée Cassidy à DP - 2’22
 

Tadoussac-Cassidy.jpgPaule-Andrée Cassidy (photo Michel Pinault)

 

L’infatigable Miravette s’était entretemps compromise avec Bernard Joyet* et Xavier Lacouture (à la guitare et à la mise en scène) pour un délirant Depuis l’temps que j’l’attends mon prince charmant, créé jadis par Anne et son ami Boby Lapointe. L’excellent XL se lâchait ensuite avec bonheur dans Elle f’sait la gueule et Langue de pute, les autres intervenants étant l’inventif chanteur-slameur Mathieu Lippé, Les charbonniers de l’enfer (au grand chœur), Amylie, Marcie et Reggie Brassard. Après un message d’Anne Sylvestre entre regret de n’être pas présente et gratitude envers les artistes pour leur jolie preuve d'amitié en forme de gageure, ceux-ci avaient ouvert le bal en tapant sur des casseroles, le spectacle se terminant de façon tout aussi symbolique par la reprise collective de L’âme à la tendresse, l’un des grands succès de la regrettée québécoise Pauline Julien, grande amie d’Anne Sylvestre.

 

Tadoussac-Miravette.jpgNathalie Miravette et Xavier Lacouture (photo Michel Pinault)

 

À peine l’irremplaçable Nathalie Miravette en avait-elle fini avec ce spectacle, qu’elle enchaînait sur celui de Bernard Joyet à l’école Saint-Joseph (en début d’après-midi, les enfants de cette école avaient eux aussi rendu hommage à Anne Sylvestre en reprenant trois de ses fabulettes : Mon bateau à voile, Lon lon l'accordéon, Le bonhomme bleu marine) où il suscitait une « standing ovation » avec Ado, Djamila, Vous m’avez agréablement déçu ou Autodidacte, la chanson éponyme de son tout nouvel album. Sous un chapiteau, seul à la guitare, Alexis HK, l’homme des Affranchis et des Ronchonchons, emballait son petit monde, tout comme l’avaient fait dans d’autres lieux (neuf au total, cafés, Auberge de jeunesse et Marina compris) les savoureux ambigus Vendeurs d’enclume, la jolie blonde emBigardée GiedRé (beauf !), les énergiques B.A.B (Bienvenue À Bord)… et encore une grosse vingtaine d’artistes du cru sur lesquels le spectacle de clôture du dimanche 17 permettait de poser un regard circulaire, entre David Giguère, Alexandre Belliard, Ingrid Saint-Pierre, Salomé Leclerc ou l’insaisissable Socalled, incroyable talent à tout faire, entre écriture, composition et happening scénique. Un allumé qu’on retrouvera peut-être l’an prochain pour la 30e édition, forcément un peu spéciale du « plus grand des petits festivals » du Québec, dont Charles Breton, son directeur général, tire ici les premières leçons. CQTC.

 

Charles Breton à DP - 3’53
 

 

* Vidéaste baleinier émergent promu par l’attentive Nathalie.

 

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