Aujourd’hui sort un coffret CD/DVD (Tacet / L’Autre distribution) littéralement exceptionnel consacré à Allain Leprest. On y retrouve l’intégrale du spectacle Où vont les chevaux quand ils dorment, mis en scène par Gérard Morel avec Romain Didier, Yves Jamait et Jean Guidoni (l’excellent texte additionnel de Claude Lemesle figure dans le livret avec ceux des chansons) et on y découvre un entretien filmé inédit d’une heure avec Jean-Louis Foulquier, qui porte bien son titre, NU comme la vérité.
Didier Pascalis, producteur moderne à l’ancienne, poursuit son travail de fond autour de l’ami Allain. Après le coffret Connaît-on encore Leprest ? (un CD, 2 DVD et un livre) de l’an dernier, cet enregistrement d’octobre 2013 à l’Alhambra de Paris de Où vont les chevaux quand ils dorment donnera envie à celles et ceux qui n’ont pas vu le spectacle* de guetter son passage dans leur région. Le trio Didier / Jamait / Guidoni y fait merveille en compagnie du guitariste Thierry Garcia et de l’accordéonniste Philippe Mallard, le tout entrecoupé de voix d’enfants disant le texte de Claude Lemesle, pour lequel Allain Leprest restera avec Bob Dylan « le plus grand auteur de chanson du vingtième siècle. »
C’est en mars 2011 que, « pressentant l’urgence », Didier Pascalis a organisé chez lui la rencontre Leprest-Foulquier, prolongée le lendemain au Forum Léo Ferré d’Ivry : dix heures d’entretien rendus possibles par une confiance réciproque. En 1993, l’homme de radio n’avait-il pas repris sa vieille casquette de chanteur pour enregistrer un album avec l’inoubliable Tout c’qu’est dégueulasse porte un joli nom et huit autres titres du tandem Allain Leprest - Romain Didier ? Dès lors, de France Inter aux Francofolies, le compagnonnage avec l’auteur de Nu n’allait pas cesser, et c’est ce que l’on ressent ici, entre gravité et humour, ponctués par quelques témoignages, d’ailleurs uniquement masculins (?!) : Romain Didier, Kent, Alexis HK, Claude Lemesle, Loïc Lantoine et Didier Pascalis.
Avec un Foulquier qui amorce le final en rigolant : « Je crois pas particulièrement en Dieu, mais je suis à peu près certain que dans l’au-delà, y’a un bistrot… et que je vais y retrouver Dimey, Gainsbourg, Nougaro Blondin… On va pas se faire chier, quand même… J’attendrai ! J’te préparerai l’arrivée. » À part qu’Allain en a décidé autrement et que Didier Pascalis peut en conclure aujourd’hui : « Cet enregistrement est le témoignage d’un artiste arrivé au bout du chemin, qui le sait et qui accepte de révéler l’essentiel : son intimité. C’est captivant, intime et terriblement émouvant à la fois. » Il se trouve qu’en 2001, j’avais écrit et enregistré Même l’hiver, accompagné par Marc Robine, autre artiste qui, lui non plus, n’abusait guère d’eau minérale. CQTC
* Le spectacle a été créé en septembre 2012 au Théâtre d’Ivry Antoine Vitez, peu de temps avant que le groupe Entre 2 caisses n’y crée le sien tout public, Je hais les gosses (article ici) dont Tacet vient également de produire l’album.